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Smart mobilité : les villes multiplient les initiatives

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Invités à présenter leurs initiatives à la conférence organisée par la ville d’Issy-les-Moulineaux sur la smart mobilité, le 16 juin dernier, les représentants des villes européennes présentes ont partagé le même constat : face à l’augmentation de la population urbaine, il va falloir faire preuve d’imagination pour fluidifier les déplacements et lutter contre les encombrements, synonymes de pollution atmosphérique. Les initiatives innovantes se multiplient donc, en surfant sur la révolution numérique, et plus particulièrement sur l’explosion des smartphones, qui permettent une personnalisation de plus en plus efficace.

A Helsinki, par exemple, la ville anime un service de transport hybride “bus + voiture” et il  existe une application, Kutsuplus, qui permet aux bus d’adapter leur itinéraire pour aller chercher un utilisateur à proximité. Le paiement s’effectue par téléphone mobile et est prélevé sur la facture téléphonique. A Barcelone, la ville a lancé AeraDum, un service dédié aux livraisons. Le professionnel se connecte sur l’application pour réserver un emplacement de livraison pour un créneau horaire donné. Cela permet à la ville d’analyser les zones et taux d’occupation de ces emplacements. On y paye aussi son stationnement par mobile et la ville installe des capteurs pour repérer les places de parking disponibles pour réduire le nombre de véhicules en circulation qui cherchent un stationnement (qu’on estime entre 20 et 30 % du trafic).

A Milan, la ville s’apprête à lancer un système de scooters en libre service. Une Première pour une ville européenne qui a déjà adopté le partage de véhicules électriques et de vélos (y compris électriques). Birmingham, au Royaume-Uni, multiplie également les expérimentations car il faut penser à une réaffectation de la route et de la voirie car sa taille ne va pas changer, alors que la population augmente. La ville cherche donc à intervenir sur trois niveaux : la modification des comportements, la modification physique des infrastructures et la modification opérationnelle des systèmes d’information. Quant à Santander, la ville espagnole connue pour avoir installé des capteurs partout en ville,  l’“urban citybrain” fait appel aux citoyens pour proposer des trajets plus faciles pour les personnes à mobilité réduite (pas seulement handicapé mais aussi avec une poussette). Cette application est alimentée par des informations “crowd-sourcées” fournies par tous et par les citoyens. En France, des villes avancent aussi, comme Lyon, Nice ou Nancy, avec son application multimodale G-Ny qui permet de coordonner l’offre de transports, avec la marche à pieds, la voiture, le covoiturage, le bus…

Les défis auxquels les villes vont devoir faire face sont connus. « La smartcity est au carrefour de la révolution urbaine, de la révolution numérique qui impacte tous les secteurs (démocratie, transport, energie) et du défi climatique » a rappelé André Santini, Député-Maire d’Issy-les-Moulineaux, pour qui « les collectivités locales ont fait des efforts très importants à travers des investissements lourds dans la création du tramway et maintenant dans le projet du Grand Paris Express ». C’est pourquoi la ville d’Issy-les-Moulineaux encourage et accompagne les expérimentations « frugales, c’est à dire des innovations simples à mettre en œuvre sans avoir besoin d’un investissement lourd au départ » (discours disponible sur son site web).

Si les Etats semblent avoir compris, comme le rappelait Jean-François Jannin, responsable des « transports intelligents » au Ministère des Transports, que le secteur allait rapidement évoluer par le double phénomène du numérique, utilisé comme système coopératif, et de l’arrivée des véhicules autonomes, ils sont encore en phase d’expérimentation, comme l’illustrent l’existence d’une plateforme de recherche et d’expérimentation pour le développement de l’innovation dans la mobilité (Predim) au Ministère ou d’une nouvelle fabrique des mobilités lancée par l’Ademe. Il s’agira, selon son animateur, Gabriel Plassat, de s’appuyer sur les start-ups « pour résoudre les problèmes du secteur ». Et celles-ci ne manquent pas d’imagination pour proposer des services dans ce domaine, comme l’a montré la série de pitchs organisée à la fin de la conférence.

Pour aller plus loin, les Etats devront notamment soutenir l’ouverture des données par les opérateurs de transports. Catherine Dehaene, présidente du groupe « Ville numérique » au sein du pôle de compétitivité Systematic, rappelle que « le rapport Jutant souligne la question de l’accès de la donnée, de sa valeur et de son statut juridique » et que la loi Macron va permettre d’avancer concrètement dans ce sens. « L’accès aux données est au cœur des problèmes » insistait François Stephan, directeur de programme à l’Institut de Recherche SystemX, mais on peut aussi « recueillir des informations sur twitter, localisées » pour alimenter les services.

Au niveau européen, la Commission co-finance des projets qui vont dans le même sens, comme ECIM (European cloud marketplace for intelligent mobility), qui envisage une « place de marché » proposant diverses solutions d’itinéraires, que ce soit en transport en commun ou en voiture individuelle avec la gestion des places de parking. « Cette solution repose sur la simplification de l’enregistrement et du paiement (pas d’inscription sur toutes les applications, un seul paiement) » rappelait son coordinateur Hugo Kerschot. Ou encore Open Transport Net, qui veut proposer un portail de données de mobilité à l’échelle européenne pour faciliter la création d’applications dédiées.

Il va aussi falloir s’équiper car la smart mobilité nécessite aussi l’utilisation de capteurs intelligents, le traitement de données massives (le Big data), la création d’objets connectés et toute la chaîne de l’Internet des objets, comme l’a rappelé Michel Ciazynski, Directeur général de l’ISEP, qui accueillait la conférence. Et surtout, soulignait Amara Amara, directeur de la recherche de l’ISEP, réfléchir à la création d’une solution technique globale regroupant acteurs des transports et collectivités territoriales, où les questions de confidentialité des données soient traitées pour garantir la confiance des utilisateurs. « Ces plateformes doivent être utiles et ouvertes » souligne Jean-Marc Lazard, co-fondateur d’Opendatasoft, car « la question de la mobilité ne concerne pas uniquement le transport mais l’amélioration de l’expérience des habitants, à l’image d’Uber ou de Blablacar qui ont transformé l’expérience des utilisateurs ».

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