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L’innovation frugale ? « une stratégie de rupture qui réconcilie profitabilité, inclusion sociale et développement durable » (Navi Radjou)

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Co-auteur du livre « L’innovation frugale – Comment faire mieux avec moins », Navi RADJOU, Français pondichérien installé dans la Silicon Valley, était l’invité, fin mars à Issy-les-Moulineaux, de la Ruche de Bouygues Immobilier. « Dialogues », le magazine d’André Santini, Député-Maire d’Issy-les-Moulineaux publie dans son dernier numéro un Entretien avec la star de la nouvelle économie.

Dialogues : Pouvez-vous expliquer aux lecteurs votre concept « d’innovation frugale » ?

Navi Radjou : L’innovation frugale consiste à faire mieux avec moins, c’est à dire créer plus de valeur économique et sociale tout en minimisant l’utilisation de ressources rares ou onéreuses. C’est une stratégie de rupture qui permet de réconcilier trois objectifs considérés jusqu’à présent comme irréconciliables : profitabilité, inclusion sociale et développement durable.

Dialogues : André SANTINI est convaincu que la ville de demain sera une « ville collaborative » : qu’en pensez-vous ?

N.R. : L’innovation frugale s’inscrit dans une grande mutation socio-culturelle de fond que j’appelle « l’économie frugale », dans laquelle l’offre est capable de répondre à la demande plus vite et à moindre coût (financier et environnemental). Les circuits courts, les « fablabs » (ndlr : contraction de l’anglais fabrication laboratory), et l’économie de partage, les réseaux de proximité forment les piliers de cette économie frugale qui va alimenter les « villes collaboratives » de demain.

Dialogues : Le collaboratif va-t-il supplanter le capitalisme ?

N.R. : Non, au contraire, le collaboratif va « humaniser » et « démocratiser » le capitalisme ! En effet, le capitalisme 1.0 qui a dominé l’Occident durant le XXème siècle se fondait sur un système de production centralisée qui prônait l’automatisation et les économies d’échelle. Ce capitalisme 1.0 reléguait les citoyens au simple rôle de consommateurs passifs. Mais un nouveau modèle de capitalisme 2.0 émerge aujourd’hui qui s’appuie sur un système de co-création de valeur très décentralisé. Ici, les citoyens deviennent des « consom’acteurs » et s’organisent en réseaux collaboratifs pour partager, échanger, voire concevoir, des produits et services personnalisés plus vite, mieux, et moins cher.

Dialogues : Vous qui vivez aux USA, la France est-elle « à la traîne » en matière d’innovations ?

N.R. : Absolument pas ! Ça fait 10 ans que j’essaie de promouvoir l’image d’une France innovante à travers le monde. En 2006, dans un rapport intitulé « A French Revolution In Innovation Is Unfolding » (Une révolution française d’innovation en marche), je décrivais comment les entreprises françaises comme Air Liquide et BNP Paribas adoptaient le numérique pour réinventer leur modèle économique. Aujourd’hui, dans mes interventions aux USA et en Asie, je démontre comment des entrepreneurs français comme Qarnot Computing, Expliseat et Compte Nickel sont les leaders mondiaux en termes d’innovation frugale.

Dialogues : Quel regard portez-vous sur la politique numérique mise en place à Issy depuis 20 ans ?

N.R. : La politique numérique a permis à Issy-les-Moulineaux de devenir un « high-tech hub » très respectable en France, avec la présence de plusieurs entreprises influentes du secteur technologique. Le défi maintenant consiste à démocratiser l’innovation, en offrant à tous les habitants de la Ville des outils et des tiers-lieux qui leur permettraient de devenir tous des inventeurs et des entrepreneurs.

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