L’édition d’avril du BBI (Boulogne-Billancourt Information) met à l’honneur Philippe Dewost, fondateur de Wanadoo (la première version web d’Orange), en 1996, nommé directeur de l’EPITA, école d’ingénieurs dédiée à l’informatique et aux techniques avancées fin 2021, et auteur de l’ouvrage « de Mémoire vive, une histoire de l’aventure du numérique ».
Fier d’être un « Boulonnais de longue date », Philippe Dewost est diplômé de l’École normale supérieure, entrepreneur et ancien haut fonctionnaire. C’est dans son bureau qu’il a accueilli le BBI, à qui nous laissons le clavier :
« Lorsqu’il traverse la cour de son école d’ingénieurs en informatique, Philippe Dewost tend l’oreille. « Il arrive que des étudiants m’interpellent pour échanger sur un projet, sur leurs idées », lâche l’homme de 54 ans. Des idées, c’est ce qui lui a permis de tracer sa route dans le secteur très concurrentiel du numérique. Aujourd’hui directeur général de l’EPITA, le Boulonnais, marié et père de quatre enfants, met son expérience au profit de la future génération. « Mon objectif est de leur transmettre des compétences, mais aussi et surtout le sens de la débrouille, confie-t-il. Lorsqu’ils auront affaire à une situation où il manque une brique, je veux qu’ils soient capables de façonner la brique eux-mêmes, plutôt que de la chercher. » Le ton est donné. Au cours d’une carrière qui l’a mené aux quatre coins de la planète, Philippe Dewost a vécu de l’intérieur chacune des grandes mutations de la technologie numérique. « J’ai eu l’opportunité de me retrouver aux bons endroits aux bons moments, explique-t-il. J’ai assisté et participé à la naissance d’Internet, au développement des premiers services en ligne, à l’avènement du téléphone mobile, etc. » Et quel meilleur endroit, pour faire ses armes dans la Tech, que la Silicon Valley ?
Ancien stagiaire d’Apple
« Après avoir intégré le Corps des Télécoms en 1993, j’ai eu la chance de décrocher un stage au siège d’Apple », raconte Philippe Dewost. Dans la fourmilière de Cupertino (Californie), il découvre, comme il le décrit dans son livre, « une particularité de la culture d’Apple : la vertu cardinale du secret. Un stagiaire ne devait rien se voir confier d’important, même s’il avait signé un accord de confidentialité. » Qu’importe, le jeune ingénieur ne se décourage pas et profite de son séjour outre-Atlantique pour faire un retour d’expérience à ses contacts de France Télécom. Sa pugnacité tape dans l’œil d’Yves Parfait, en charge de trouver une suite à donner au Minitel : « Il me propose de le rejoindre. J’accepte. Me voilà n°4 d’un programme qui, en mai 1996, deviendra Wanadoo. » En même temps que le monde fait son entrée dans le XXIe siècle, Wanadoo atteint le million d’abonnés. Et Philippe Dewost, qui a toujours eu la fibre entrepreneuriale, sent qu’il y a des opportunités à saisir dans un secteur en pleine révolution. Il prend des postes de direction dans plusieurs startups. Toutes ne ne tireront pas leur épingle du jeu – « c’est le cas pour 95% d’entre elles », tempère-t-il. Après les échecs d’Ukibi, « un des ancêtres des réseaux sociaux », de RealEyes3D, « logiciel de traitement d’image pour les premiers photophones », il prend part à l’aventure Imsense Ltd. Bingo : deux ans plus tard, le savoir-faire de l’entreprise est racheté par… Apple.
Le besoin de transmettre
Fort de cet impressionnant parcours, Philippe Dewost est ensuite sollicité par les pouvoirs publics français pour rédiger un rapport qui servira de base au lancement de la French Tech, en 2013. Entretemps, il donne ses premières conférences et se trouve une nouvelle vocation : la transmission. « C’est le besoin de transmettre qui m’a poussé à écrire un livre, à mi-chemin entre le témoignage historique et l’essai, décrit-il. C’est ce même besoin qui m’a encouragé à prendre la direction de l’EPITA en octobre 2021. » Pour trouver l’inspiration, que ce soit dans l’écriture ou dans son métier de directeur, il peut compter sur son nid boulonnais.
« Je me suis installé à Boulogne-Billancourt à la fin de mes études et je ne l’ai plus quittée ! C’est ici qu’ont grandi mes quatre enfants. On y trouve une meilleure qualité de vie qu’à Paris en termes de propreté, de calme, d’espaces verts… En tant que Boulonnais de longue date, j’ai aussi pris la mesure de l’utilité de certains projets de long terme, comme La Seine Musicale, où j’aime me rendre pour des concerts. »
Philippe Dewost