La collaboration entre Issy-les-Moulineaux et My Anatol, dans le cadre du projet européen PoliVisu, illustre l’importance de partenariats « durables » pour analyser et utiliser des données susceptibles d’améliorer la mobilité en ville.
Comme la plupart des communes du Grand Paris, Issy-les-Moulineaux voit tous les jours passer sur ses artères principales un trafic important : des automobilistes se rendant à leur travail à Issy mais surtout des véhicules venant du sud-ouest parisien pour se rendre à Paris. Des niveaux de congestion élevés sont ainsi mesurés tous les jours et pendant les pics du matin et du soir les GPS utilisés par les automobilistes les guident sur des voies qui ne sont absolument pas adaptées pour accueillir des flux de transit. C’est une perte de temps importante pour les automobilistes, une détérioration de la qualité de vie pour les riverains mais aussi une source de pollution importante : chacun sait que plus les voitures vont vite, plus elles polluent ; on sait moins que c’est le cas aussi dans les embouteillages: en dessous de 50kmh, plus une voiture avance lentement, plus elle pollue, et l’effet est décuplé pour les camionnettes et les poids lourds. Il y a donc un enjeu important à permettre aux véhicules de circuler de la manière la plus fluide possible sur les grands axes de la ville.
A l’origine, la collaboration avec la jeune entreprise My Anatol se basait principalement sur l’expérimentation de son assistant de mobilité – une application de mobilité globale, localisée pour prendre en compte les recommandations de la ville, et multi-mobilités, permettant à un utilisateur de combiner facilement voiture et autres solutions de transport.
Concrètement, l’application analyse les données associées aux points de congestion et propose des points de déviation possibles. Le principe est comparable à Waze, mais My Anatol donne la possibilité aux collectivités locales de mettre en avant des itinéraires alternatifs, notamment pour éviter les zones pavillonnaires ou envoyer une alerte de prudence à proximité des écoles. Cette expérimentation, qui s’appuyait sur une démarche de street-marketing pour rencontrer des automobilistes dans les bouchons, a démarré début janvier 2020 et a montré ses premiers succès avec près de 400 téléchargements de l’application en quelques jours. Une forte manifestation d’intérêt des automobilistes – 1 flyer sur 2 distribués donnant lieu à un téléchargement !
L’expérimentation a été soudainement interrompue par la crise sanitaire : avec le COVID plus moyen de faire du street-marketing et une fois le confinement déclenché bien moins de déplacements…
Cette interruption n’a pas découragé la Ville et My Anatol qui ont commencé à travailler sur l’analyse des données : utiliser la situation très particulière du confinement pour mieux comprendre les pratiques et les enjeux en matière de mobilité, en s’appuyant aussi sur la première expérience faite en 2019 dans le cadre du projet PoliVisu. Une phase de cadrage a permis d’identifier les lieux et les axes les plus utiles, My Anatol a créé un tableau de bord pour analyser les données de trafic sur les principaux axes de la ville. Mais l’analyse des seules voitures ne suffisait pas dans une période qui a enreigstré une augmentation des mesures en faveur des vélos. Cet usage y a été ajouté. Le côté innovant est lié aussi à la publication en open data des données du tableau de bord et de toutes les mesures de trafic, qui sont donc maintenant mises à jour de manière hebdomadaire et disponibles pour tout le monde sur le portail data.issy.com.
Mais que nous disent ces données ?
Une des premières difficultés traditionnellement rencontrée par les villes est l’accès aux données de trafic en temps réel, à un coût limité, et sans nécessité de mise en place d’une infrastructure couteuse, nécessitant autorisations et démarches administratives, comme pour les boucles de comptage qui mesurent le taux d’occupation d’une chaussée ou les caméras. L’utilisation du digital, en tirant parti des données mises à disposition par les opérateurs GPS permet de pallier ce manque. Les données utilisées dans ce tableau de bord sont notamment celles mis à disposition de manière ouverte par TomTom.
Afin d’assurer que ces données soient aussi fiables que les données de comptage issus des systèmes traditionnels, un étalonnage est réalisé sur deux tronçons équipés de boucles de comptage et d’analyseur de débit : le pont aval du bd périphérique et le quai d’Issy. La comparaison des données montre une très bonne convergence entre les mesures réalisées. Il est donc possible pour une ville de disposer de données de mesure du trafic fiables, disponibles en temps réel avec des segments de mesure faciles à adapter en fonction des besoins.
L’ analyse fait apparaître que le trafic à Issy est de deux types et se concentre sur quelques axes clés. Un trafic « radial » – les véhicule qui traversent Issy pour rentrer et sortir de Paris et un trafic « tangent », parallèle au boulevard périphérique.
Sans grande surprise, l’analyse d’ensemble du trafic fait apparaître en semaine deux pics de circulation autour de 8h30 et de 18h15 (légèrement plus tardifs que ceux observés sur la région parisienne par Sytadin pour lesquels les pics sont à 8h15 et 17h30).
La situation est cependant très contrastée selon les axes : en semaine le boulevard Gallieni a un indice de congestion supérieur de 30 points à ceux des autres axes radiaux et des axes tangents. Avec un profil différent, la situation est la même pendant le week-end. Le Bd Gallieni apparait comme un axe structurellement congestionné. L’analyse de l’indice de congestion sur une période plus longue confirme cette hypothèse : même pendant la période de confinement, le bd Gallieni est resté nettement plus chargé avec un écart de 40 points avec les autres axes radiaux dont pour lesquels la circulation s’est beaucoup réduite.
Une analyse plus fine en fonction de l’heure de la journée apporte une perspective complémentaire. Vers Clamart, le Bd Gallieni est peu embouteillé le matin, mais le quai lui est toujours préférable. L’après-midi – il est logiquement bien plus occupé, de même que le quai d’Issy; la rue Ernest Renan est en revanche une excellente alternative. Dans le sens inverse, c’est-à-dire vers Paris, la situation est également très stable dans le temps. Logiquement le profil est inversé entre le matin et l’après-midi; en revanche le quai d’Issy apparaît comme une excellent alternative le matin comme l’après-midi, la rue Diderot étant aussi une bonne solution l’après-midi.
Cette analyse conduit à une première conclusion – le bouchon du Bd Gallieni n’est pas une fatalité et il pourrait être considérablement réduit pourvu que l’on oriente les automobilistes vers des alternatives crédibles pré-identifiées. Ce faisant on évitera également – du fait des failles des calculateurs d’itinéraires – que le trafic se répande, en période de congestion, dans de nombreuses voies qui ne sont en aucun cas prévu pour cela et ou un tel trafic peut constituer un risque (proximité des écoles) ou une gêne importante pour les riverains. Avec une application comme My Anatol, la ville pourrait être en mesure de le faire.
Le développement du vélo
Les grèves de fin 2019 / début 2020 combinées à l’amélioration des itinéraires cyclables ont conduit à un important développement de la pratique du vélo dès le premier trimestre 2020 – le nombre de vélos comptabilisés en janvier et février étant 2 fois supérieur à ce qu’il était un an plus tôt. Le recul manque encore après la sortie du confinement, mais les niveaux élevés de janvier 2020 (grèves des transports) ont de nouveau été atteint en juin. Une analyse plus fine du trafic vélo démontre qu’il s’agit bien d’une utilisation sur les trajets domicile-travail avec des pics de trafic identiques à ceux de la circulation automobile, 8h30 le matin et 18h30 l’après-midi.
Avec le développement du nombre d’utilisateurs, les données générées par l’application My Anatol, seront une source précieuse pour mieux comprendre les origines et destination des automobilistes et cyclistes passant par Issy-les-Moulineaux et les alternatives plus attractives qui pourraient leur être recommandé.
Data.issy.com
SO DIGITAL
SO DIgital
1 thoughts on “My Anatol : une collaboration réussie autour des données de mobilité”