Le 22 mai dernier, une conférence, organisée dans le cadre du Festival #VivaIssy par la CCI92 et l’Observatoire COM MEDIA, a mis en lumière les avancées les plus récentes en matière d’intelligence artificielle générative, son intégration croissante dans les pratiques professionnelles, et les mutations profondes qu’elle engendre dans les métiers. Elles ont rassemblé experts, chefs d’entreprises, développeurs et formateurs autour d’une ambition commune : transformer l’IA en levier opérationnel de productivité, d’innovation et de compétitivité.
Des modèles de langage au service des TPE et PME
Face à l’abondance de modèles – ChatGPT, Gemini, Claude, Mistral, LLaMA ou encore deepseek – les échanges ont souligné un point essentiel : aucun outil n’est pertinent pour tous les usages. Chaque entreprise doit identifier les solutions les mieux adaptées à son contexte métier. Ce choix dépend notamment de la capacité à formuler les bonnes consignes (prompts), mais aussi de l’analyse fine des données utilisées.
Des cas d’application concrets ont montré comment, sans compétence en programmation, des entreprises locales parviennent déjà à automatiser la création de contenus, de scripts ou de supports commerciaux. L’impact est mesurable : une étude de Harvard a démontré qu’un salarié formé à ChatGPT4 produit des résultats de meilleure qualité (+40 %) en moins de temps (-25 %).
Graphisme, musique, voix : la création assistée par IA en plein essor
Les usages ne se limitent plus au texte. L’IA générative investit désormais les domaines graphiques, sonores et vidéo. Sur Spotify, plus de 20 % des musiques seraient désormais générées par des IA. Des outils comme Eleven Labs permettent de cloner une voix à partir de quelques secondes d’enregistrement. Si ces solutions ouvrent des perspectives créatives inédites, elles soulèvent aussi des questions éthiques et juridiques, notamment sur les droits d’auteur ou le risque de désinformation lié au clonage vocal.
La création vidéo connaît également une avancée fulgurante. Runway, Sora (OpenAI), ou encore des logiciels permettent de générer des clips publicitaires, animés ou réalistes, à partir d’une simple consigne textuelle. Un exemple marquant : un clip pour Porsche, entièrement conçu par IA par une seule personne en trois semaines, sans drone ni caméra. Ce type de réalisation pourrait bouleverser durablement les modèles économiques de la production audiovisuelle.
Repenser les compétences pour rester compétitif
L’une des grandes leçons du festival concerne la transformation des compétences. L’IA ne remplace pas les métiers mais reconfigure les profils recherchés. Les fonctions support, la communication, le marketing ou la production sont directement concernées par l’émergence de rôles hybrides, comme les “AI officers” ou les spécialistes de l’entraînement de modèles.
Les modèles les plus récents atteignent des niveaux de performance élevés, y compris dans des tâches complexes comme l’analyse financière, la génération de code ou le pilotage d’outils métiers. L’IA devient ainsi un assistant capable de redistribuer les charges de travail, à condition d’être bien intégrée dans les processus de l’entreprise.
Maîtriser les risques pour sécuriser les gains
Cette transition rapide appelle à la vigilance. Les risques liés aux erreurs de raisonnement des modèles, à la confidentialité des données ou à l’usage de versions gratuites sans garantie doivent être anticipés. L’adoption de solutions professionnelles, encadrées contractuellement, apparaît comme un prérequis pour sécuriser les flux d’information et préserver les actifs immatériels de l’entreprise.
Se former, tester, échanger : les clés d’une transition réussie
Pour accompagner cette mutation, plusieurs outils et réseaux sont recommandés. La plateforme HuggingFace permet d’explorer des modèles open source adaptés à des usages spécifiques. Le Playground d’OpenAI offre un terrain d’expérimentation accessible. Localement, le Geniaclub de l’Observatoire COM MEDIA, en partenariat avec la CCI des Hauts-de-Seine, organise des ateliers pour structurer une veille, partager des retours d’expérience et accélérer l’intégration de ces technologies dans les organisations.