Le Lab’ de #VivaIssy explore la recharge dynamique des véhicules électriques

Eric LEGALE

Issy-les-Moulineaux a inauguré, dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité, un nouveau cycle de rencontres autour de l’innovation : le Lab’ de #VivaIssy. Son objectif est de traiter tout au long de l’année les grands sujets liés au numérique et à la transition écologique, en amont du festival annuel #VivaIssy. La première conférence, organisée le 19 septembre au Nida, portait sur un enjeu pour l’avenir du transport : la recharge dynamique et par induction pour les véhicules électriques.

En ouverture, Éric Legale, directeur de la communication et de l’innovation de la Ville, a rappelé les initiatives locales en faveur de la mobilité durable, de la signalétique lumineuse Flowell pour les cyclistes au challenge GecoAir lancé auprès des agents municipaux. Le parc automobile électrique isséen connaît d’ailleurs une croissance à deux chiffres depuis plusieurs années. Mais il reste des freins, comme le manque de bornes sur les longs trajets et la contrainte des câbles. C’est ce que cette conférence a choisi d’explorer.

La recharge sans fil, une innovation française en plein essor

Marin Champenois, directeur général d’Up&Charge, a présenté la solution développée par sa start-up de 15 personnes, forte de 5,7 millions d’euros levés. Leur système de recharge par induction – un socle au sol et un kit installé sous le véhicule – est le fruit de cinq ans de recherche et développement. Il permet une recharge de 20 à 80 % en 1 h 15 à 1 h 30 à une puissance de 24 kW, avec des pertes limitées par rapport à un chargeur filaire.

Le dispositif est simple à installer (quatre vis suffisent) et son empreinte carbone est inférieure à celle d’une borne classique. Il a déjà séduit des utilisateurs exigeants comme la Gendarmerie nationale ou la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines et s’adresse aux flottes professionnelles, aux personnes à mobilité réduite et aux véhicules autonomes. L’entreprise vise désormais la standardisation et l’intégration en première monte par les constructeurs. La recharge par induction s’inscrit déjà dans des normes internationales et fonctionne à 85 kHz. Les champs électromagnétiques émis sont très inférieurs aux seuils fixés et ne présentent pas de risque pour les porteurs de pacemaker. Comme une borne filaire, un véhicule en charge ne peut pas démarrer, garantissant la sécurité.

Les défis du déploiement autoroutier

Pour Pierre Delaigue, directeur de la mobilité électrique, autonome et connectée de Vinci Autoroutes, qui gère 4 400 km d’autoroutes en France, le défi est immense : multiplier par huit le nombre de points de charge pour véhicules légers d’ici dix ans et créer 12 000 points pour poids lourds d’ici 2035, tout en gérant un foncier limité par la loi « Zéro artificialisation nette » et des besoins électriques pouvant atteindre 40 MW par aire de service. À cela s’ajoutent les limites techniques des camions à batterie (autonomie, temps de charge, poids et coût).

La recharge en roulant, solution stratégique pour les poids lourds

Une étude de l’État français l’a confirmé en 2021 : la recharge dynamique est la solution la plus efficace pour décarboner massivement le transport routier lourd, devant les biocarburants et l’hydrogène vert. En alimentant le véhicule pendant qu’il roule, elle permet de réduire la taille des batteries, donc le coût et l’empreinte carbone, tout en offrant une autonomie quasi illimitée sur les axes équipés. Elle constitue aussi un enjeu de souveraineté industrielle en limitant les importations massives de batteries.

Un pilote inédit sur l’A10

Cette vision se concrétise déjà sur l’autoroute A10. Vinci et son partenaire technologique Electreon ont installé 1,5 km de bobines à induction enfouies sous la chaussée avant le péage de Saint-Arnoult. Invisible pour l’usager, cette infrastructure teste la recharge à plus de 200 kW avec un poids lourd, un bus, un utilitaire et une voiture. L’objectif : qu’un véhicule puisse être alimenté en roulant et recharger sa batterie pour terminer son trajet hors autoroute. L’État vise 9 000 km de routes équipées d’ici 2035 pour un coût de 37 milliards d’euros (environ 4 millions par kilomètre), financé sur le modèle des concessions autoroutières.

Vers une démocratisation progressive

La stratégie actuelle cible d’abord les constructeurs et les grandes flottes avant le grand public, avec l’ambition d’aboutir à un standard unique autour de 85 kHz. Les kits embarqués coûtent entre 500 et 700 euros, un prix jugé compétitif. L’enjeu est de simplifier l’expérience utilisateur – une « charge propre et sans câble » – tout en optimisant l’espace foncier existant.

Le succès d’une récente levée de fonds participative, qui a permis de collecter 3 millions d’euros auprès de 900 investisseurs particuliers, montre l’intérêt du public pour ces technologies et leur potentiel à transformer la mobilité électrique.

Prochains rendez-vous du Lab’ de #VivaIssy

Le « Lab’ de #VivaIssy » se poursuivra au Nida vendredi 24 octobre avec un petit-déjeuner débat sur les manipulations vocales par l’intelligence artificielle dans le cadre du mois de la cybersécurité, puis vendredi 7 novembre avec une conférence consacrée à l’innovation coréenne à l’occasion des 20 ans du jumelage avec le district de Guro (Séoul). À cette occasion, une start-up coréenne présentera notamment un dispositif de recharge hydrogène miniaturisé qui sera expérimenté à Issy-les-Moulineaux dans les deux prochaines années.

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