Le 21 mai dernier, l’Hôtel de Ville d’Issy-les-Moulineaux a accueilli la deuxième édition des Cafés Bleus de l’IA, une série de rencontres publiques initiée par la Gendarmerie nationale pour sensibiliser aux enjeux de l’intelligence artificielle. Cette conférence, organisée dans le cadre du Festival #VivaIssy, faisait suite à un premier rendez-vous tenu la veille à Boulogne-Billancourt. Ensemble, ces deux villes du territoire de Grand Paris Seine Ouest participent activement à cette démarche de pédagogie publique, voulue par les institutions, pour mieux faire comprendre l’impact de l’IA sur la société.
Une initiative de la Gendarmerie nationale
Coorganisé avec les collectivités locales, ce cycle de conférences trouve son origine dans une volonté claire : ouvrir un dialogue citoyen sur les usages sécuritaires de l’intelligence artificielle. Depuis février 2025, la réglementation européenne impose en effet aux organisations utilisatrices d’IA de mettre en œuvre des actions d’information. La Gendarmerie nationale s’est saisie de cette obligation pour en faire un levier de proximité et de transparence.
À Issy-les-Moulineaux, la rencontre s’est concentrée sur un enjeu particulièrement sensible : la désinformation. Le général Patrick Perrot, coordonnateur national pour l’Intelligence Artificielle au sein de la Gendarmerie, a ouvert les échanges en rappelant le lien ancien entre la Ville et l’institution qu’il représente. Présente depuis plus de dix ans sur le territoire isséen, la direction générale de la Gendarmerie nationale y trouve un terreau favorable à l’innovation. Le lancement en 2023 d’IssyGPT, outil d’intelligence artificielle mis à disposition des habitants pour faciliter leurs démarches, en est un exemple concret.
Comprendre les dérives pour mieux s’en prémunir
Au cours de la conférence, le général Perrot a posé les fondements d’une approche équilibrée : reconnaître la puissance de l’IA sans ignorer les dérives qu’elle peut engendrer. Il a mis en lumière trois risques principaux : l’uniformisation des opinions par les algorithmes, la perte de certaines compétences cognitives et la délégation excessive de la pensée à des outils automatiques. Autant de mécanismes qui affaiblissent notre capacité collective à faire la part du vrai et du faux.
La désinformation, au cœur des discussions, a illustré cette inquiétude. Grâce à l’IA, la création de contenus truqués – images modifiées, voix clonées, vidéos falsifiées – devient à la fois plus facile et plus difficile à détecter. Pour faire face, la Gendarmerie s’appuie sur des outils d’analyse avancés, capables d’identifier un contenu frauduleux en quelques secondes. Mais cette course technologique impose une vigilance constante.
Former l’esprit critique dès le plus jeune âge
Ysens de France, chargée de mission IA à la Gendarmerie, a insisté sur l’importance d’un apprentissage précoce : il ne s’agit pas seulement de coder, mais de savoir repérer un biais, un montage ou une manipulation.
Un cadre européen, une ambition souveraine
Au-delà de la lutte contre les fake news, ce Café Bleu a permis d’aborder les grandes questions de souveraineté numérique. Le général Perrot a appelé à renforcer l’indépendance européenne dans la conception des IA, en promouvant des modèles linguistiques respectueux des valeurs continentales. Il a également souligné la nécessité de maîtriser l’hébergement des données sensibles, à l’heure où la Gendarmerie bascule vers un cloud judiciaire souverain.
Vers un dialogue permanent avec les citoyens
Ces rendez-vous participatifs sur l’intelligence artificielle organisée par la Gendarmerie Nationale poursuivent une ambition claire : accompagner les citoyens dans la compréhension des technologies qui transforment notre société, tout en rappelant que l’innovation ne vaut que si elle s’inscrit dans un cadre de confiance.Ce dialogue entre institutions, experts et habitants contribue à construire une culture partagée du progrès.