François Falala-Sechet est cofondateur de clevy.io, une entreprise spécialiste de l’édition de chatbots. Habitant d’Issy-les-Moulineaux, il a proposé à la Ville un chatbot spécialisé sur le covid- 19 afin de mieux informer les Isséens.
Ce chatbot est accessible depuis la page d’information du site web de la ville d’Issy-les-Moulineaux sur la crise sanitaire. François Falala-Sechet nous en dit plus.
Pourriez-vous m’expliquer la genèse de la création du chatbot sur le Covid-19 ?
Clevy.io est une startup spécialisée dans la création de toutes les technologies permettant à des entreprises de créer des agents conversationnels performants très rapidement, même sans compétences techniques. Les chatbots, ce sont ces petits assistants virtuels qu’on trouve par exemple sur des plateformes comme Facebook Messenger et qui permettent de discuter naturellement avec un robot pour obtenir des informations ou effectuer des actions simplement.
Comme nous avons l’habitude de travailler avec des organismes publics (notre plus ancien client est la Métropole d’Orléans, et nous travaillons aussi beaucoup avec le Ministère des Armées), vers mi-mars, au début du confinement, la direction interministérielle du numérique nous a approché pour concevoir un chatbot qui pourrait être affiché sur les pages des divers sites du gouvernement avec pour mission d’informer les Français sur l’épidémie de Covid. Nous avions déjà commencé à travailler de notre propre initiative sur un petit chatbot d’information sur le sujet, bien moins ambitieux, et avons saisi l’occasion pour le perfectionner et montrer notre savoir-faire. Cela a donné CovidBot.fr, un chatbot gratuit, intégrable facilement sur n’importe quel site et open-source pour garantir la transparence des données.
Était-ce une réponse à une demande précise ou une initiative de votre part ?
C’est un projet entièrement « pro-bono » dont nous ne tirons aucun bénéfice (comme de nombreuses entreprises, nous souffrons énormément de la crise, notre chiffre d’affaire ayant chuté depuis deux mois). Il est né de notre seule volonté, à notre échelle, avec nos moyens de production, d’aider à lutter contre l’épidémie. Certes nous ne sommes pas soignants ou nous ne produisons pas de matériel médical, mais être en mesure de proposer une information simple, de qualité, c’est déjà quelque chose. En outre, le module d’auto-évaluation des symptômes du Covid-19 que nous avons ajouté fin mars au chatbot permet aux usagers de mieux s’orienter, de ne pas encombrer les services d’urgence inutilement, et d’aider la recherche.
Quelles ont été vos sources pour alimenter son contenu ?
Nous mettons à jour très régulièrement les données depuis les sources officielles : sites du Gouvernement, Santé Publique France, Organisation Mondiale de la Santé… Il y a beaucoup de fake news sur le sujet et il est important pour nous de nous assurer de la qualité de ce que nous présentons au public. L’algorithme d’autodiagnostic de CovidBot a quant à lui été créé par des médecins de l’AP-HP et de l’Institut Pasteur, et les données anonymes sont envoyées au projet COVID-TELE, une étude épidémiologique de grande échelle pour mieux tracer l’évolution du virus, de ces deux institutions dont nous sommes partenaires. CovidBot est aujourd’hui référencé sur les sites du Ministère de la Santé, de la Région Île-de-France, et de plusieurs réseaux de santé comme source fiable de contenu.
Avez-vous déjà des chiffres sur son utilisation ?
Le contenu étant open-source et installable par n’importe quelle organisation sans passer par nous, il est difficile de répondre à cette question. Nous avons connaissance d’une bonne vingtaine de collectivités qui l’ont installé sur leur site, comme Carpentras, Orléans, Saintes, Biarritz… mais aussi plusieurs entreprises, grandes ou petites, comme Boulanger, MyLittleParis, Adisseo, Insign… On estime qu’aujourd’hui que près de 200 000 utilisateurs de toute la France ont échangé près de 2 millions de messages avec le chatbot sur covidbot.fr en un peu moins d’un mois. C’est l’un des chatbots les plus utilisés en France en ce moment, tous secteurs confondus.
On apprend aussi que des personnes que nous ne connaissons pas se saisissent de notre code open-source pour adapter le chatbot dans leur pays. Le gouvernement philippin par exemple est en train de travailler sur une adaptation de notre contenu pour leurs usage (Facebook Messenger est le principal moyen de communication dans le pays), et nous avons aussi des échos de plusieurs pays d’Afrique dans le cadre d’initiatives citoyennes. C’est une grande fierté pour nous.