L’entreprise boulonnaise MWM, leader mondial des applications de musique, a été mise en valeur par « La Tribune« , dans un article détaillé daté du 11 décembre. L’occasion de rappeler l’Histoire d’une entreprise créée en 2009 qui revendique 200 millions de téléchargements sur sa quinzaine d’applications depuis 2012, dont la moitié réalisée l’année dernière. Une croissance portée par un écosystème complet, allant du jeu à la production, en passant par l’apprentissage et l’écoute.
Music World Media (MWM) a réussi à s’imposer en quelques années dans le domaine très concurrentiel des applications musicales. Elle revendique le titre de premier éditeur français d’applications musicales et le 5e à l’échelle mondiale. La startup a levé 9 millions d’euros depuis sa création et compte, parmi ses investisseurs, le DJ et producteur Martin Solveig, le fondateur de Deezer Daniel Marhely ou le co-fondateur de Devialet Quentin Sannié. MWM (ex-DJit) se destinait initialement à un marché de niche : le DJing. « Avec la première application sortie en 2012, baptisée Edjing, mon ambition était de créer la première table de mixage grand public », revendique Jean-Baptiste Hironde, Pdg de MWM.
Alors qu’il menait des études d’ingénieur en aéronautique, Jean-Baptiste Hironde se passionne pour les musiques électroniques. « À l’époque, la plupart des logiciels étaient réservés aux professionnels car ils étaient extrêmement compliqués. Je me suis rendu compte qu’il y avait un manque d’offres pour le grand public sur mobile », explique-t-il. Au bout d’un mois, Edjing est repérée par l’App Store, magasin d’applications d’Apple. Le géant américain décide alors de mettre en avant Edjing. « Apple a allumé la mèche pour MWM. En un mois, nous avions enregistré 500.000 téléchargements », chiffre le Pdg de la jeune pousse installée à Boulogne-Billancourt depuis l’origine.
Une dizaine d’applis pour apprendre à jouer des instruments en 2019
Pour accélérer sa croissance, MWM lance alors un vaste chantier de diversification dès 2013. En plus de la production, la société propose alors des applications de jeu et de lecture de musique. Sa nouvelle priorité ? L’apprentissage. Depuis mai, MWM a lancé trois applications pour apprendre la guitare, le piano et la batterie. « C’est notre premier secteur en terme de croissance. Historiquement, nous restons portés par les applis DJ, qui drainent 50% de notre audience. Notre bloc « apprentissage » attire déjà 35% de notre audience », précise Jean-Baptiste Hironde. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, quand on parle de musique en tech, on pense automatiquement à Spotify ou à Deezer. Mais l’écoute musicale n’est qu’une toute petite partie de ce qui peut être fait avec la musique et le numérique », estime le jeune Pdg de 32 ans. « C’est pourquoi nous voulons créer un écosystème complet autour de la musique. Nous sommes dans une logique BtoC pour répondre à des besoins de masse. »
MWM revendique 200 millions de téléchargements dans le monde, toutes applications confondues depuis 2012 – dont 100 millions réalisés entre 2012 et 2017. L’autre moitié a été réalisée uniquement sur l’année dernière. Avec des applications traduites en 15 langues, 98% des utilisateurs se trouvent à l’étranger, notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon.
Pour 2019, MWM voit grand : la société table sur 200 millions de téléchargements sur un an. Afin d’y parvenir, elle compte sortir une dizaine d’applications uniquement dans le domaine de l’apprentissage : solfège, chant…
Une technologie 100% maison
Pour se distinguer dans ce secteur ultra-concurrentiel, MWM mise sur une technologie maison. Parmi la cinquantaine d’employés de la société, 60% sont des ingénieurs. « Tout est développé par notre pôle R&D, avec des ingénieurs spécialisés dans le traitement du signal sonore. Contrairement aux usages, nous ne recourrons pas à la sous-traitance, ce qui nous permet d’être plus indépendant et flexible », assure Jean-Baptiste Hironde. « Initialement, nous avons développé une technologie de traitement du son à partir des besoins exigeants des DJs. Elle a été dupliquée pour toutes les autres applications », souligne-t-il. « Par exemple, pour notre application d’accordeur de guitare, notre technologie va être plus précise et permettra d’isoler les fréquences si le musicien se trouve dans un environnement bruyant, et donc d’être plus juste. »
MWM, qui ne communique pas sur son chiffre d’affaires, assure générer 95% de ses revenus grâce aux applications. Presque toutes les applications sont gratuites. Elles sont monétisées à travers de la publicité, des achats ponctuels (par exemple, des achats de leçons de musique) ou des abonnements récurrents.
Percée dans le hardware
Le reste de son chiffre d’affaires est généré depuis 2015 par lehardware, c’est-à-dire les produits. La société commercialise notamment Mixfader, un petit objet qui permet aux DJ de mixer avec le pouce. Produit à Bayonne, il est utilisé par « plus de 10.000 musiciens », chiffre Jean-Baptiste Hironde. MWM a également sorti ProLink, une mini carte son pour mobile et tablette. Début 2019, la startup lancera Phase, permettant de remplacer la tête de lectures des platines vinyles, « qui sont encombrantes lorsque les DJ mixent et peuvent facilement se casser », détaille le Pdg de MWM. « Vendre du matériel audio et des accessoires compatibles avec nos applications était une suite logique pour nous. Des marques historiques comme Pioneer ne sont pas encore passées sur mobile », juge Jean-Baptiste Hironde. « Le hardware permet de nous matérialiser pour les utilisateurs et donc, de les fidéliser davantage et de renforcer notre image de marque. Cela nous a aussi permis d’acquérir de la notoriété puisque nos produits sont utilisés par des DJ mondiaux, comme DJ Snake et C2C. »