Le 17 avril dernier, les participants au projet européen ROUTE-TO-PA se sont retrouvés pour une conférence-bilan au conseil régional de Campanie, à Naples, à l’invitation du coordinateur du projet, l’Université de Salerne.
Ce projet d’innovation multidisciplinaire visait à améliorer l’impact de l’open data pour améliorer la transparence des administrations. Pour ses 13 membres, le numérique doit faciliter la participation des citoyens. Échanger sur l’intérêt de l’open data plutôt que de se contenter d’accéder à des fichiers souvent peu compréhensibles.
Au cours des trois années du projet, la ville d’Issy-les-Moulineaux, ville pilote avec Dublin, Prato et la Région italienne de Campanie, a développé sa stratégie open data pour tenter de répondre à la principale question de ROUTE-TO-PA : l’open data renforce-t-elle réellement l’engagement citoyen ? Publier les données publiques, les ouvrir et les rendre réutilisables n’est pas suffisant. Il faut les rendre accessibles au plus grand nombre, au sens de compréhensibles. Ceux qui se connectent sur les portails open data comprennent vite que renforcer la transparence démocratique passe par le développement d’outils de visualisation.
Pour y répondre, la ville, via Issy Média, sa SEM de communication et d’innovation, a travaillé avec une équipe du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) pour contribuer au développement d’une plateforme favorisant les échanges entre citoyens et administrations sur l’open data. Cette initiative s’inscrit dans la suite de la politique open data menée par la ville depuis février 2012, à travers le portail data.issy.com qui compte plus de 200 jeux de données. Parmi les réalisations remarquées, le site dédié aux rapports financiers de la ville qui lui a valu de recevoir en 2016 le « Label Or des territoires » aux Interconnectés.
L’ouverture des données, obligatoire à l’automne prochain pour toutes les collectivités françaises employant plus de 50 agents, soit un peu moins de 2.200 collectivités françaises, est aujourd’hui mise en oeuvre dans seulement 8 % des collectivités concernées, selon Open data France. Le fossé est encore large avec celles qui s’y sont engagées depuis plusieurs années, dont l’ensemble des villes de Grand Paris Seine Ouest, tout comme l’établissement public territorial lui même, depuis 2015.
La réutilisation des données publiques est présentée comme une source d’enrichissements à plusieurs titres, pour améliorer la transparence des administrations, faciliter le travail quotidien des agents et favoriser l’innovation. Mais elle peut aussi bousculer certaines pratiques des administrations. Surtout, entre promesses et réalisations concrètes, il y a parfois plus d’un pas. La démarche nécessite un changement d’organisation et de sa façon de travailler qui nécessite du temps, ce que le projet européen a d’ailleurs démontré, en ne relevant pas de résultats notables sur l’engagement citoyen depuis les débuts de l’open data.
On évoque également trop peu une des conditions sine qua non de la réussite de cette démarche : maîtriser la qualité des données. Cela nécessite de sensibiliser l’ensemble des agents publics à la donnée, de créer des postes de Chef de projet données, Data scientist, Chief data officer (la fonction de Data Protection Officier, prévue dans le RGPD, peut y répondre), et d’introduire des clauses dans les cahiers des charges d’acquisition de progiciels. On doit encore résoudre les questions relatives aux licences, aux formats, à l’animation d’un écosystème de start up et d’innovateurs…
Bref, le chemin semble encore long alors qu’apparaissent déjà les premiers enjeux liés au Big data, c’est-à-dire à la gestion des données massives en temps réel. Mais il faut d’abord développer des outils facilitant la compréhension de tous et investir dans la formation des jeunes générations avant d’espérer prendre toute la mesure de l’impact de l’ouverture des données publiques sur l’engagement citoyen.