Le 7 septembre dernier, l’association InnoCherche, un réseau de veille sur l’innovation pour les entrepreneurs, dont le siège est à Issy-les-Moulineaux, a lancé son nouveau cycle de veille stratégique consacré à la cybersécurité. L’Observatoire, présidé par Thomas Hervouet-Kasmi, s’intéresse cette année à une question centrale : comment la cybersécurité est-elle devenue un levier critique de transformation des business models ?
De la plateforme à l’écosystème : la cybersécurité comme condition de confiance
Les modèles économiques évoluent rapidement. Après l’ère des croissances linéaires, les stratégies numériques reposent aujourd’hui sur des dynamiques exponentielles, décrites par la loi de Metcalfe pour les réseaux interpersonnels ou par la loi de Reed pour les réseaux communautaires. Les plateformes – qu’il s’agisse de réseaux sociaux, de systèmes d’exploitation ou du e-commerce – illustrent cette logique : leur valeur croît avec le nombre de participants.
Mais ces plateformes ont une faiblesse : les coûts de changement très bas pour les utilisateurs. La réponse consiste à élargir le modèle vers un écosystème, comme l’ont fait Amazon ou Apple, en intégrant un ensemble de services couvrant tous les besoins du client. Dans cet environnement, la cybersécurité devient un pilier incontournable. Car sans sécurité, il n’y a pas de confiance, et sans confiance, ni usage ni marché ne peuvent émerger.
Une cybersécurité intégrée dans toutes les couches du business model
L’Observatoire rappelle que la sécurité doit être pensée à chaque niveau de l’économie numérique : identité digitale, objets connectés, infrastructures cloud, flux d’informations, mais aussi réputation et conformité juridique. À l’image d’un tracteur devenu système numérique complet de gestion agricole, chaque produit ou service intègre désormais des couches digitales qui doivent être sécurisées.
Le cycle 2025-2026 s’organisera autour de quatre axes :
- identité numérique souveraine et sécurisée,
- algorithmes et IA autonomes protégés,
- infrastructures décentralisées et post-quantique,
- transformation des plateformes en véritables écosystèmes.
Une veille collective et des actions concrètes
Pour alimenter cette réflexion, InnoCherche propose à ses membres plusieurs rendez-vous. Parmi eux :
- la restructuration du référentiel des convictions fortes (163 identifiées depuis 2012) autour des besoins vitaux,
- un partenariat avec Major Cities of Europe, axé sur la gouvernance des données et la cybersécurité des territoires,
- une réflexion commune sur l’identité numérique citoyenne avec l’Institut de l’Économie et le Club de la Transformation Numérique,
- des ateliers grand public dans le cadre du Mois européen de la cybersécurité, prévus les 4 et 11 octobre.
Un contexte marqué par de multiples cyberattaques
La réunion de rentrée est aussi revenue sur les cyberattaques qui ont marqué l’été 2025. Parmi elles : le vol de 40 millions de dollars chez CoinDCX, la perte de 500 000 dossiers clients chez Coriolis Telecom, ou encore l’exposition de 400 000 dossiers à la Fédération française de motocyclisme. À l’international, des attaques attribuées à la Chine et à la Russie ont visé le référendum en Nouvelle-Calédonie.
En parallèle, Europol a annoncé le démantèlement du groupe de cybercriminels russes Noame 057, tandis que des failles majeures de sécurité ont été révélées chez McDonald’s et WeTransfer, pointant le manque de transparence de certaines grandes entreprises.
Ces événements confirment que la cybersécurité n’est plus un simple sujet technique. Elle conditionne la confiance, donc l’usage, et in fine la viabilité des nouveaux modèles économiques. Avec ce cycle 2025-2026, InnoCherche entend éclairer dirigeants, décideurs publics et acteurs de l’innovation sur les transformations en cours, afin d’aider à bâtir des écosystèmes numériques sûrs et durables.