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Le local au coeur des débats du TEDx Issy

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Salle comble pour la 4ème édition du TEDx d’Issy-les-Moulineaux, jeudi 22 novembre au centre de conférences de Microsoft. Le retour au local était le fil rouge de cette soirée ouverte par André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux et qui a vu se succéder une dizaine d’intervenants qui, chacun dans leur domaine, sont venus partager leur vision du sujet.

 

Pour Marc Luyckx, auteur belge, philosophe et docteur en théologie, ancien membre de la  « Cellule de Prospective » de la Commission européenne, créée par Jacques Delors, au début des années 1990, il s’agit d’abord d’un retour de l’éthique et du sens : « Le changement de civilisation que nous sommes en train de vivre est rapide et profond, car la rationalité moderne, l’approche patriarcale, et le capitalisme industriel ne sont plus capables de formuler une réponse satisfaisante ni au problème de notre survie collective et de celle de l’environnement, ni aux problèmes sociaux et démographiques de notre monde en ce début de XXIème siècle. »

 

Revenir au sens, c’est aussi rappeler que l’esprit critique et la culture du doute sont indispensables à l’heure où « l’illusion des connaissances constitue un danger pour notre société », a rappelé Mariam Chammat, chercheuse en neurosciences cognitives, et chef de projet au Secrétariat Général pour la Modernisation de l’Action Publique (SGMAP). « Le plus grand ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance, mais l’illusion de la connaissance » a-t-elle souligné, en appelant à tester le plus souvent possible, car « c’est une sorte de posture d’humilité ».

 

C’est même urgent pour Franck Sprecher, délégué national du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) pour le Nord-Pas-de-Calais, pour qui notre modèle économique actuel est en fin de vie et doit être repensé. C’est exactement ce que pense l’économiste François Xavier Oliveau, auteur du livre micro économie, qui n’hésite pas à poser la question : « Et si l’entreprise disparaissait ? ». Pour lui, de nouvelles formes de capitalisme apparaissent, avec notamment le transfert du travail du salariat vers le non salariat. Plus de précarité donc ? Pas nécessairement si on réfléchit à un nouveau pacte social. Qui pourrait se traduire par un véritable retour au local : « avant, on quittait les campagnes pour trouver un travail en Ville. Demain, on pourra travailler de n’importe où grâce au développement des technologies ».

 

Retour au local ou retour du sens ? « Hacker la complexité, c’est donner à nos enfants les clés pour retrouver localement du sens » estime Yassir Kasar, un hakher « bienveillant », qui a été lauréat des Grands Prix de l’innovation de la ville de Paris pour avoir développé une plateforme qui permet à des experts de tester les systèmes informatiques d’entreprises soucieuses de se protéger contre des attaques.

 

« Plus le monde devient digital, plus le retour au local devient nécessaire » rebondit Christian Grellier, responsable de l’innovation chez Bouygues Immobilier car si nous sommes aujourd’hui « hyperconnectés au monde entier, nous sommes totalement déconnectés de notre voisinage ». Or, la Ville se reconstruit autour de trois attentes :

  • Tous ensemble : consommation collaborative, échange de biens et de services, partages de lieux de vie ou d’équipement comme, par exemple, Les petites cantines qui proposent de se mettre à table avec ses voisins ou Lulu dans ma rue;
  • Réenchanter son quotidien, en réintroduisant la nature en ville;
  • Créer du lien, notamment autour des tiers lieux, pour sortir de son isolement et accompagner la croissance des actifs non salariés qui pourraient représenter le quart des travailleurs dans quelques années, comme avec Nextdoor.

Il faut, dit-il, « passer de l’économie du bien à l’économie du lien » et « rendre la ville désirable pour renforcer l’ancrage local ».

 

Il est vrai que nous assistons à l’émergence d’une « nouvelle ère urbaine, qui sera modelée par des facteurs environnementaux, numériques et sociaux » selon Stéphane Kirkland, auteur d’un ouvrage sur l’histoire de l’urbanisme parisien à la fin du XIXème siècle. « Nous vivons la fin de l’ère de la ville industrielle caractérisée par l »idéologie de la machine, qui entretient un rapport particulier avec l’environnement », mais, prévient-il, « il y a un très large éventail d’avenirs possibles » et il faudra prendre en compte les risques liés au déploiement massif et non maitrisé des technologies, comme les véhicules autonomes.

 

Il faut se projet plus loin encore, en imaginant l’impact de l’intelligence artificielle sur notre avenir. « Pourquoi la justice résiste-t-elle aux algorithmes ? » alors qu’on nous parle de justice prédictive, demande Yannick Meneceur, magistrat et spécialiste de l’intelligence artificielle. Il nous invite à nous inspirer de l’initiative prise par l’Université de Montréal en novembre 2017 en adoptant une « Déclaration pour un développement responsable de l’intelligence artificielle« . Le Conseil de l’Europe devrait d’ailleurs adopter, le 4 décembre prochain, la première charte ethique de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le système judiciaire.

Finalement,  la réponse au retour au local n’est-elle pas tout simplement dans cette formule d’Elena LASIDA, enseignante à l’institut catholique de paris : « le local, c’est chez soi » ?

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