La ville d’Issy-les-Moulineaux a noué un partenariat avec Orange pour tester la blockchain avec son application « LeVote » pour moderniser le budget participatif mis en place dans les conseils de quartier de la ville depuis 2002.
L’utilisation de la technologie blockchain, au cœur de la solution Le Vote d’Orange, permet de contrôler le bon déroulement de la consultation tout en s’affranchissant de la notion de tiers de confiance grâce à sa technologie de transaction et de stockage d’informations décentralisée, hautement sécurisée. Par ailleurs, avec ce procédé, chaque individu ne pourra s’exprimer qu’une seule fois grâce à un jeton électronique crypté, appelé « token », et comparable à un bulletin de vote traditionnel, à usage unique.
Pour reprendre l’image du mathématicien Jean-Paul Delahaye, la blockchain peut être comparé à un “très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible. ». Inventée dès 2008 par un inconnu se présentant sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, elle a trouvé son débouché le plus pertinent dans la monnaie numérique « Bitcoin ».
La ville d’Issy-les-Moulineaux, qui a testé le vote en ligne dès le début des années 2000 dans le cadre du projet européen Cybervote, et généralisé les machines à voter pour toutes les élections au printemps 2007, souhaite ainsi expérimenter un nouveau dispositif sécurisé de vote dans le cadre de son budget participatif.
Le débat sur le vote électronique devrait être relancé au printemps 2018 avec un projet de loi sur le système électoral. Pour limiter tout risque d’intrusion ou de hacking, les machines à voter ne sont pourtant pas reliées à Internet et subissent de nombreux contrôles de sécurité. Récemment, André Santini, Maire d’Issy-les-Moulineaux, a interpellé dans un communiqué que le Président de la République pour demander la levée “du moratoire, c’est un blocage conservateur qui empêche l’amélioration de cette technologie et le développement de son potentiel, notamment en faveur du vote des handicapés.”
Là où Internet est utilisé pour transmettre des paquets de données entre deux entités, la Blockchain permet à la confiance de s’établir entre deux entités. Au travers de l’ISO/TC307 (Technologie des chaînes de blocs et technologie de registre distribué), la technologie de la Blockchain est désormais suivie par les organismes de normalisation (l’ISO au niveau mondial et l’AFNOR en France) qui s’attachent à faciliter l’adoption de la technologie, à donner de la confiance, à permettre une implémentation à grande échelle en assurant l’interopérabilité des solutions, avec un système de gouvernance et la prise en compte des besoins réglementaires. Vingt-quatre pays participent ainsi à l’initiative Blockchain de l’ISO au travers de cinq groupes de travail (« Architecture de référence, Taxonomie et ontologie », « Cas d’utilisation », « Sécurité et confidentialité », « Identité » et « Smart Contract ») complétés par un groupe de travail sur la terminologie.
L’exemple de l’Estonie
Un pays, l’Estonie, joue le rôle de laboratoire à ciel ouvert. Il a bien compris l’importance des cas d’usages dans l’adoption d’une technologie, et se présente comme la Blockchain Nation. En mettant le citoyen au coeur de sa politique et en disposant des briques nécessaires ( ID-Card, X-Road), il a su convaincre la quasi-totalité de sa population d’adopter un système complètement dématérialisé pour s’identifier en toute sécurité, payer ses impôts, voter, obtenir des documents administratifs, donner accès à son dossier médical personnalisé, créer et gérer sa société…
Plutôt que de menacer d’interdire le vote électronique, pourquoi ne pas profiter de l’évolution des technologies, comme la Blockchain, pour étudier de nouvelles solutions de sécurisation ? C’est le sens de cette expérimentation.